Ce mois-ci, découvrez une nouvelle interview « 3 Questions à ». Nous avons rencontré PD Dre Karine Hadaya, néphrologue FMH, spécialisée en transplantation rénale à Hirslanden Clinique des Grangettes. Elle nous parle de son parcours, de l’influence de son métier sur son quotidien et des défis à relever dans le domaine de la transplantation rénale.

  • Pourquoi avez-vous choisi d’être médecin et de vous spécialiser en néphrologie ?

Depuis mon enfance et aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours souhaité être médecin. Je ne saurai pas expliquer pourquoi, c’était inné. Lorsque j’ai commencé mes études de médecine, je voulais d’abord être pédiatre car j’adore les enfants. Cependant, suite à mes différents stages, j’ai réalisé que c’était difficile émotionnellement de voir des enfants malades, et je n’arrivais pas à dépasser ce sentiment. J’ai alors décidé de me spécialiser en néphrologie.

Il a plusieurs raisons à cela : d’une part, l’organe en soi est visuellement beau. J’étais fascinée par l’image que je voyais au microscope avec toutes ses aspérités. D’autre part, c’est un organe complexe qui possède 5 à 6 fonctions. Je dirais que la néphrologie est une spécialité plutôt intellectuelle car peu associée à des gestes techniques.

J’ai également eu, lors de mon cursus, des professeurs qui étaient très enthousiastes et qui m’ont transmis leur passion pour cette spécialité, ce qui m’a motivée dans l’approfondissement de mes connaissances dans ce domaine.

Enfin, quelques années plus tard, je me suis spécialisée en transplantation rénale. C’est lors de l’un de mes stages, en Belgique, que j’ai réalisé ce qu’était la transplantation et son intérêt pour les patients. Au-delà du geste médical et du traitement physique, il s’agissait d’amélioration de la qualité et de l’espérance de vie. Mon approche de la médecine a alors changé, les malades devenaient des patients, cela me plaisait de les suivre sur le long terme, de les accompagner pour assurer leur bien-être et leur permettre de réintégrer une vie active.

 

  • Comment votre travail influence votre vie de tous les jours ?

La transplantation donne un sens à la mort : offrir un organe permet de prolonger la vie, mais sous un autre aspect. J’aime cette idée de continuité, de passage, on meurt en aidant quelqu’un d’autre à vivre. Le don vivant de rein est quant à lui un acte d’amour à l’encontre du malade, le donneur en bonne santé acceptant de se faire opérer et d’offrir un organe - qui ne peut régénérer contrairement au sang ou à la moelle osseuse - pour le bien de l’autre.

Tous les patients gardent la date de transplantation comme une « date anniversaire ». Pour eux c’est une seconde vie, c’est extraordinaire. J’aime les accompagner dans ce processus physique et psychique, d’accepter un organe qui n’est pas à eux et de devoir en prendre soin à vie, comme son bébé.

Par ailleurs, je ressens un impact sur ma vie quotidienne car je suis disponible 24h/24 pour mes patients. Ils peuvent avoir des maladies très spécifiques liées à leur état d’immunosuppression et je me dois d’être là pour eux en cas de problème, ils peuvent me joindre à toute heure. Cette disponibilité dépasse le cadre de mon planning journalier, mais cela me plait énormément et fait partie de mon engagement dans cette spécialité. Je suis un accompagnant pour mes patients, tout au long de leur chemin physique et psychologique. Cette transplantation prend énormément de place dans leur vie. La confiance qu’ils me portent est alors immense et je deviens un référent, comme le serait un médecin généraliste. Bien qu’en clinique privée nous ne réalisons pas de greffe, mon rôle en transplantation rénale reste très actif, préparer à la transplantation puis suivre les patients en post opératoire le plus longtemps possible.

 

  • Quel est le plus grand défi dans votre profession ?

L’un des grands défis consiste à alléger le protocole médicamenteux qui est lourd et doit être pris à vie. Ce serait un confort supplémentaire pour le patient. Des organes artificiels sont en cours d’évaluation mais le chemin est encore long dans ce domaine.

Par ailleurs, la promotion du don d’organes est importante. Il faudrait réussir à ce que la population générale associe le don d’organe à un acte citoyen permettant aux patients de réintégrer une place active dans la société, mais également de sauver des vies.  D’où l’importance du changement de loi sur la transplantation qui consisterait à « introduire le principe de consentement présumé au sens large concernant le don d’organes ».

Pour finir, il me parait essentiel de rester à jour sur les avancées techniques et les études scientifiques afin de pouvoir, d’une part, offrir au patient le meilleur traitement, et d’autre part, de promouvoir cette spécialité auprès des futurs médecins. À travers l’enseignement, j’espère susciter l’enthousiasme et des vocations auprès des étudiants. Cela est extrêmement plaisant lorsque l’une ou l’un d’entre eux me dit vouloir se diriger vers la néphrologie après avoir suivi mes cours. C’est ce que j’ai vécu lors de mes propres études et la transmission des connaissances me passionne à mon tour, car il permet de former et d’attirer les médecins qui assureront l’avenir.   

 

Propos recueillis par Julie Jean

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PD Dre Karine Hadaya
Néphrologue FMH
Clinique des Grangettes
Chemin des Grangettes 7
Bâtiment H
1224 Chêne-Bougeries