Docteur Nadia Berkane est gynécologue obstétricienne spécialisée en grossesses à risque et physiologiques. Aujourd’hui installée à Hirslanden Clinique des Grangettes, elle a exercé au sein de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP), puis en tant que Cheffe de clinique aux urgences de gynécologie et au sein du service d’obstétrique des Hôpitaux Universitaire de Genève. À travers cette interview, elle nous livre sa passion pour son métier, un chemin fait de rencontres inspirantes, de confrères et de patientes.
Pourquoi avez-vous choisi d’être médecin et de vous spécialiser en gynécologie et obstétrique ?
Enfant, je rêvais déjà d’être médecin, ma vocation est née de l’admiration que je vouais à un proche de ma famille, professeur de radiologie. Ce métier exigeant correspondait à ce que j’attendais, soit un travail mixte de travail intellectuel et manuel avec une aide de son prochain. Au début de la 2ème année d’études médicales, la faculté de Médecine de Nice attribuait à chaque étudiant un mentor. Le mien fut le Prof D.K. Tran, brillant spécialiste de gynécologie-obstétrique et excellent enseignant. Le côtoyer professionnellement a confirmé mon intérêt pour la gynécologie et l’obstétrique.
Ma spécialité englobe la chirurgie, l’oncologie, l’obstétrique, la gynécologie médicale et la prise en charge de l’infertilité ; cette diversité m’a séduite. J’en apprécie toutes ses facettes, et si j’étais plutôt destinée à la prise en charge médicale et chirurgicale de l’infertilité en fin d’internat, un clinicat avec une forte part obstétricale a redirigé ma carrière.
Puis, le caractère régulièrement urgent de certains actes d’obstétrique me plaisait. Au fil des années et des rencontres de formidables enseignants, ainsi que de beaucoup de travail, j’ai renforcé mon en obstétrique de salle de naissance et de prises en charge des grossesses compliquées. J’ai cependant toujours gardé une activité mixte à la fois obstétricale et gynécologique.
À côté de cette activité clinique, la transmission des connaissances est pour moi un élément essentiel, c’est ce qui m’a conduit à m’impliquer dans de nombreux enseignements au travers de contributions ou de mises en place de diplômes universitaires, de congrès et de formations continues. Pour finir, ma curiosité s’est épanouie dans la recherche clinique ; mon domaine d’expertise est la prééclampsie, une pathologie fréquente et potentiellement sévère pour les mères et leurs enfants.
Comment, concrètement, votre travail influence-t-il votre vie de tous les jours?
La gynécologie est une médecine particulière de dépistage et de soins, mais son rôle est aussi d’accompagner les femmes dans des situations clés de leur vie : puberté, ménopause, désir d’enfant et sexualité.
L’obstétrique, elle, nous fait côtoyer la vie tous les jours, apportant son lot de joie et de vision positive du monde. L’accompagnement des patientes et des couples à des périodes essentielles pour eux m’a apporté beaucoup, car ce sont des moments d’émotions partagées. Parfois les grossesses peuvent se compliquer, certaines patientes ou certains couples m’ont donné alors des leçons de vie, par leur courage, leur résilience, leur combattivité.
Tout cela tempère les contraintes de ce métier chronophage, qui désorganise les plannings, car les accouchements se font de jour comme de nuit, en semaine comme le week-end.
Quel est votre plus grand défi dans votre profession ?
Je suis en train de développer une nouvelle activité de consultation à Hirslanden Clinique des Grangettes. En parallèle, je vais, en collaboration avec d’autres spécialistes, créer un réseau structuré de prises en charge multidisciplinaires des patientes avec grossesses compliquées afin d’apporter un soutien aux collègues qui le souhaitent pour améliorer la sécurité de la prise en charge de leurs patientes. Dans ce cadre nous allons mettre en place des formations régulières pour et avec la communauté médicale et les sage-femmes. La tâche est grande, la clé de la réussite sera de garder intacte l’énergie et la passion qui m’animent.
Propos recueilli par Julie Jean