Christian Holyoak est psychologue à ESCA CancerSupport. Cette association propose gratuitement un soutien pratique et psychologique, ainsi que des activités de bien-être, en anglais, aux patients atteints de cancer et à leurs familles. L’équipe du Centre de la prostate de Hirslanden Clinique des Grangettes travaille en collaboration avec l’association et propose ces services aux patients. À l'occasion de #Movember, le mois de la lutte contre le cancer de la prostate, M. Holyoak répond à nos 3 questions.

1 - Parlez-nous de votre groupe de soutien pour le cancer de la prostate. Quelles sont les aspects les plus fréquemment abordés ?

Christian Holyoak  : Notre groupe a vu le jour à ESCA CancerSupport en mai 2021 et se réunit 1 fois par mois. Il répond à un besoin des hommes de se retrouver entre eux et de parler de leur expérience. Ils y trouvent de la convivialité, un soutien psychologique et diverses informations liées au cancer. Les aspects les plus fréquemment abordés portent sur la prise en charge dans le système médical suisse, les options de traitement et leurs effets sur le corps et l’esprit.

Nous abordons également les relations intimes, le processus de rétablissement et les questions liées au travail. Les hommes nous ont confié que le cancer de la prostate touche le cœur de leur identité masculine. Ils trouvent dans le groupe un espace sûr pour parler de leur sexualité et des réajustements dans leurs relations intimes.

Ils nous font aussi part de leurs inquiétudes quant à l’annonce de leur diagnostic au travail et de leur crainte que cela n’affecte leurs compétences professionnelles et leurs possibilités d’évolution.

2 - Quels services spécifiques offrez-vous aux patients ? 

Christian Holyoak : En complément d’une écoute attentive, nous invitons des professionnels de la santé à participer à nos échanges. Nous pensons qu’il est essentiel que les patients bénéficient d’informations fiables et dignes de confiance plutôt que de se fier aux ouï-dire et aux résultats de leurs recherches sur Internet. Dernièrement, une infirmière clinicienne s’est exprimée sur les soins physiques et le rétablissement, ces informations ont été très utiles pour les participants. Nous avons prévu d’inviter d’autres intervenants, notamment des urologues et des oncologues, un sexologue, un physiothérapeute spécialiste en rééducation périnéale et un coach pour répondre aux questions liées au travail. Nous allons également inviter la conjointe d’un homme qui a suivi un traitement du cancer de la prostate afin d’apporter le point de vue d’une partenaire de vie.

3 - Quels sont les défis auxquels les patients non francophones sont confrontés lorsqu’ils sont diagnostiqués d’un cancer ?

Christian Holyoak  : Les personnes atteintes d’un cancer vont mieux si elles ont des relations et des liens sociaux étroits et solidaires. La majorité de nos clients ne sont pas francophones. Ils n’ont donc pas leurs racines sociales en Suisse et ne connaissent pas la culture et le système médical qui sont différents de leur pays d’origine. Par exemple, certains hommes nous demandent s’il est possible en Suisse d’avoir un deuxième avis médical.

Ils se sentent perdus et désorientés et souhaitent que quelqu’un les guide dans le processus de prise en charge de leur cancer. Lorsqu’ils sont diagnostiqués et qu’on leur propose des options de traitement, ils ont besoin de plus de temps pour prendre une décision ; bien comprendre les avantages et les inconvénients, en particulier les implications physiques, psychologiques et relationnelles ainsi que les effets secondaires. Beaucoup ont exprimé qu’ils auraient souhaité être orientés vers un groupe de soutien ou en trouver un lorsque le diagnostic a été posé.

ESCA CancerSupport leur fournit un environnement anglophone sûr et sécurisé pour les aider tout au long du processus de traitement et de leur rétablissement. 

Nous avons également lancé un nouveau service consacré au travail et au cancer, dans lequel un coach est disponible pour aider les hommes à mieux appréhender leurs préoccupations liées à leur environnement professionnel. Nous proposons également d’autres activités de nature sociale, qui leur permettent, ainsi qu’à leurs familles, de se sentir soutenus et d’appartenir à une communauté. 

Pour finir, nous travaillons en étroite collaboration avec les infirmières référentes et les spécialistes du Centre de la prostate afin de fournir une aide personnalisée à chaque patient non francophone leur permettant de mieux répondre à leurs questions et de les aider dans chaque étape du processus de rétablissement. 

Propos recueillis par Ashley Machen