Dre Sindy Monnier, gynécologue FMH et directrice médicale au Centre du sein et Dre Ghazal Adler, radiologue FMH responsable du pôle d’imagerie de la femme, pratiquent à Hirslanden Clinique des Grangettes et travaillent étroitement lors de la prise en charge des patient-e-s atteint-e-s du cancer du sein. À travers cette interview, elles répondent à nos questions sur l’évolution de leur activité médicale et la plus-value pour les patient-e-s d’une collaboration multidisciplinaire.

  • Quelles sont les évolutions, dans votre spécialité médicale, qui ont permis d’améliorer la prise en charge des patient-e-s ces dernières années ?

Dre Sindy Monnier : L’approche multidisciplinaire a révolutionné la prise en charge des cancers du sein en proposant des traitements personnalisés qui tiennent compte de l’évolution de chaque spécialité médicale, dont la chirurgie.

Grâce aux progrès technologiques et opératoires de la chirurgie, de la radiologue et de l’oncologie, la chirurgie du cancer du sein est devenue de plus en plus minimaliste. 

Avec la mammographie de dépistage et le suivi radiologique par IRM des patient-e-s à haut risque, le diagnostic des cancers du sein se fait à un stade précoce. Ces examens permettent souvent une approche conservatrice chirurgicale par tumorectomie (chirurgie qui consiste à enlever la partie du sein où une tumeur maligne ou bénigne a été localisée) et l’ablation ciblée des premiers ganglions axillaires dans 70 % des cas (recherche du ganglion sentinelle).

Les traitements systémiques ciblés tels que la chimiothérapie et/ou l’immunothérapie ont également évolué ces dernières années. En cas de cancer agressif ou avancé, l’administration de traitements systémiques en néoadjuvant (c.-à-d. avant la chirurgie) permettent de programmer une chirurgie moins invasive dans un second temps. En effet, avec le traitement systémique, on observe une diminution de taille des lésions cancéreuses voir une disparition du cancer et la chirurgie proposée sera moins agressive.

Le développement de la chirurgie oncoplastique (chirurgie oncologique empruntant les techniques de la chirurgie plastique) et de la chirurgie reconstructive permet de proposer une reconstruction immédiate si une mastectomie est nécessaire. Il est également possible de remodeler le sein opéré, en cas de traitement conservateur, afin de préserver son galbe et dans certains cas de proposer une chirurgie controlatérale pour garder une harmonie de taille et de forme entre les deux seins.

Le Centre du sein de Hirslanden Clinique des Grangettes est certifié par la Ligue suisse contre le cancer. Chaque patient-e pris-e en charge à la Clinique est assuré-e de recevoir des soins et des traitements de qualité par des médecins spécialisés dans le cancer du sein.

Dre Ghazal Adler : La mammographie 3D (la tomosynthèse) est la dernière innovation technologique en matière de dépistage du cancer du sein. Elle permet par le déplacement successif de l’appareil autour de l’axe du sein, d’obtenir des images plus fines du parenchyme (tissu fonctionnel d'un organe glandulaire) mammaire, d’augmenter d’environ 30 % le taux de détection des cancers comparés à la mammographie standard et d’éviter les fausses alertes (images faussement suspectes). L’utilisation des logiciels d’intelligence artificielle apporte aussi au radiologue un autre « regard ».

La difficulté dans le dépistage est de détecter la mammographie anormale parmi des centaines qui sont normales. Sur 1000 mammographies que voit un radiologue, environ 7 présentent un cancer. Ce petit nombre de mammographies anormales nécessite que nous soyons extrêmement vigilants sur chaque examen. Ces outils nous permettent une plus grande assurance diagnostique. 

 

  • Comment le radiologue guide-t-il le chirurgien lors des opérations et quelle est la plus-value de votre collaboration multidisciplinaire ?

Dre Ghazal Adler : Le dépistage permet un diagnostic à un stade précoce du cancer du sein et souvent les lésions sont non palpables à l’examen clinique. Nous repèrerons la lésion en pré opératoire par la pose d’un fil métallique (hameçon) allant de la peau vers la tumeur. Cet hameçon permet au chirurgien de retrouver la tumeur au sein de la glande mammaire.

Dre Sindy Monnier : Avec ce repérage, les radiologues sont nos yeux ! Nous sommes donc exigeants avec nos collègues radiologues et cette approche multidisciplinaire nous permet d’appréhender au mieux la pose du repérage en discutant du nombre et de la localisation de l’entrée de l’hameçon dans la peau en fonction de notre incision. Nous demandons dans certains cas une radiographie de la pièce opératoire afin de nous assurer que toute la lésion a été enlevée.

Dre Ghazal Adler : Selon le résultat de la radiographie de la pièce opératoire, nous pouvons confirmer au chirurgien l’ablation totale des anomalies visibles ou lui recommander de procéder à une recoupe (retirer plus de glandes au niveau du site opératoire). Notre collaboration radiologue-chirurgien apporte ainsi une prise en charge optimale aux patient-e-s, leur évitant la majorité du temps une reprise chirurgicale. 

 

Propos recueillis par Julie Jean