Docteur Nicoline Kooger Infante est médecin spécialiste en anesthésie, membre de la FMH et détentrice d’une AFC (attestation de formation complémentaire) en hypnose médicale.

Médecin au Centre d’Anesthésie de la Clinique La Colline depuis 2008, le Dr Kooger Infante propose la pratique de l’hypnose médicale aux patients qui souhaitent employer cette technique.

Elle répond à nos questions à ce sujet.

Qu'est-ce que l'hypnose médicale ?

L’hypnose médicale est une technique qui vise à induire un état de conscience modifié -l’état hypnotique- et à l’utiliser à des fins thérapeutiques. Il manifeste une disposition naturelle du cerveau, que nous avons déjà tous expérimentée. Chaque fois que nous sommes très concentrés sur une activité en cours, comme lire un livre passionnant ou conduire son véhicule sur l’autoroute pendant des longs trajets, nous sommes dans un état hypnotique, au point de ne plus ressentir ce qui se passe autour de nous.  Lors de l’état hypnotique, le patient est plus réceptif à des suggestions proposées par l’hypnothérapeute. On peut ainsi modifier des perceptions ressenties par le patient. Il permet de compléter l’anesthésie et améliorer le bien-être et le confort du patient avant, pendant et après l’opération.

Est-ce une formation FMH ? 

J’ai suivi une formation théorique et pratique de 2 ans à l’hôpital cantonal universitaire de Genève.  Elle permet d’obtenir une Attestation de Formation Complémentaire (AFC) en hypnose médicale, reconnue par la Fédération des médecins suisses (FMH). Comme toute formation obtenue à la FMH, une formation continue est exigée en suivant régulièrement la littérature scientifique, des cours et ateliers pratiques.

Dans quels cas peut-on avoir recours à l'hypnose médicale ?

504377322

Les patients qui sont intéressés et motivés par la technique pour améliorer leur confort avant (état de stress important, crainte du milieu hospitalier, phobies des aiguilles), pendant et après une anesthésie à la Clinique.

Nous ne faisons pas d’interventions chirurgicales sous hypnose seule, mais cela peut être un complément pour des interventions en anesthésie locale, des endoscopies afin de diminuer les doses de sédatifs et d’antalgiques. Le chirurgien doit être favorable à cette approche.

On le pratique souvent pour des douleurs chroniques. L’hypnose permet de modifier la perception de l’état douloureux, de mieux le gérer et diminuer la prise de médicaments. Cela demande plusieurs séances d’hypnose et un apprentissage de l’auto-hypnose. Il est utilisé pour des changements de pansements douloureux (par exemple chez les grands brûlés) permettant ainsi d’éviter des anesthésies complètes à répétitions. Certains dentistes utilisent l’hypnose pour diminuer la sensation d’inconfort. L’hypnose peut également aider à modifier des comportements tels que le tabagisme, le bruxisme (grincements de dents involontaires), les troubles alimentaires et est utilisé comme moyen thérapeutique par des psychiatres et psychologues formés à la technique.

(Note : l’hypnose pour douleurs chroniques ou changement comportemental n’est pas pratiquée à la Colline)

Quel est le déroulement d’une hypnose médicale et que ressent-on ?

A la Clinique la Colline, je l’utilise quotidiennement lors des anesthésies, sans véritablement le nommer « hypnose » et avec l’accord du patient. Avant l’anesthésie, je propose aux patients de se concentrer sur leur respiration et de se projeter dans un paysage, un lieu évoquant un vécu agréable. Se focaliser sur des détails du paysage (couleur, sensation, odeur) permet d’induire un état hypnotique sans que le patient en soit véritablement conscient. Je suggère alors un état de bien être pendant et surtout après l’anesthésie renforçant l’effet des médicaments contre la douleur. La suggestion d’une sensation de soif et de faim au réveil permet d’atténuer l’état nauséeux post opératoire. Il est essentiel d'utiliser des mots choisis et d’éviter des négations (comme par exemple « vous n’aurez pas mal, vous n’aurez pas de nausées) qui actionneraient un réseau sémantique négatif et provoquerait un effet contraire.

Pour les phobies des aiguilles, j’induis le patient par une technique classique, comme fixer un point au mur et approfondir l’état hypnotique en plaçant le patient dans un lieu confortable et sûr ("safe-place »). Puis je suggère que la main où je dois poser le goutte à goutte devienne insensible par exemple en imaginant de la plonger dans un seau de glace.

Puis-je me réveiller lors d’un état d’hypnose ?

Contrairement à ce que suggère l’étymologie du mot hypnose (Hypnos=dieu du sommeil), l’état hypnotique est un état d’éveil avec une conscience modifiée, nécessitant la collaboration et l’acceptation du patient. On ne peut hypnotiser un patient ni lui faire accepter des suggestions contre son gré.
Aussi, si l’état hypnotique est insuffisant pour assurer le confort du patient, soit on prend une pause pour approfondir l’état de transe, soit on utilise l’association d’antalgiques et de sédatifs.