Chaque année, l’arrivée des premières neiges est attendue avec impatience par tous les amateurs de sports de glisse. Sans attendre, nombreux se précipitent sur les pistes encore fraiches. Les risques liés à la pratique du ski alpin et du snowboard ne doivent pas être minimisés.

Les 30 dernières années ont vu une participation considérablement accrue pour les sports de glisse tels que ski et le snowboard. On observe des révolutions dans la maintenance des pistes, le développement du matériel (chaussures, skis, fixations) et l’utilisation d'équipement de sécurité, notamment les dorsales de protection et les casques dont l’utilité n’est plus à démontrer.1 En conséquence, la prévalence et les localisations des blessures ont varié (illustration 1). Alors que le genou reste l’articulation la plus touchée lors de la pratique du ski2 (lire article du Dr Victoria Duthon) et du télémark,3 l’épaule est désormais la plus vulnérable si l’on s’adonne au snowboard.2 Le PD Dr Alexandre Lädermann, spécialisé dans les lésions de l’épaule et du coude au Centre de l’épaule de Hirslanden Clinique de la Colline, détaille les caractéristiques des différentes lésions touchant l’épaule.

Illustration 1

clinique-la-colline-illustration-article-epaule-sport-hiver

*LCA: Ligament Croisé Antérieur

*TC: Traumatisme Crânien

Source: Observatoire d’accidentologie de l’association Médecins de Montagne
http://www.mdem.org/france/DT1190189670/page/Les-chiffres.html

 

QUELS SONT LES FACTEURS QUI INFLUENCENT LE RISQUE DE BLESSURES AU SKI ? 

clinique-la-colline-infographie-epaule-ski

Illustration 2

Les principales causes d'accidents sont une vitesse inadéquate, une fatigue excessive, un manque d’entraînement, des mauvaises conditions météorologiques et l'abus d'alcool.4 Trente pourcent de la population suisse pratique les sports de glisse, ce qui représente un coût conséquent pour la société (illustration 2). Une bonne préparation physique et technique, une attitude responsable, l’utilisation d’un matériel adapté et l’utilisation de matériel de sécurité sont donc des conditions requises pour prévenir des blessures.

Voir l'infographie complète

Source: SUVA

QUELLES SONT LES LESIONS LES PLUS FREQUENTES EN SPORTS DE GLISSE ?

Les blessures les plus courantes à l'épaule sont les tendons (lésions de coiffe des rotateurs, 24%), des ligaments (luxations gléno-humérales antérieures (22%) et luxation acromio-claviculaires (20%)) et les fractures de la clavicule (11%) et de l’humérus proximal (2%).5 ,6 Elles surviennent de manière différente en fonction des sports pratiqués. Il peut s’agir de réception sur le membre supérieur en extension (indirect), un choc direct (chute avec réception sur l’épaule, collision) ou lors d’un mouvement de rotation externes excessives (bras maintenu en arrière par le bâton par exemple). Les lésions surviennent préférentiellement chez les snowboardeurs, les jeunes et les débutants.7

COIFFE DES ROTATEURS

La coiffe des rotateurs comprend 4 tendons (relie un muscle à un os). Les muscles prennent origine autour de l’omoplate, se transforment en tendons et viennent s’insérer autour de la tête de l’humérus (os du bras) comme un chapeau ou une coiffe viendrait autour d’une tête. Vu qu’ils permettent au bras de faire des rotations, on appelle ces tendons la coiffe des rotateurs.

Un traumatisme chez un sportif de glisse est apte à détacher ces tendons de l’os. Comme ceci survient chez des patients généralement jeunes, il conviendra de les réinsérer chirurgicalement.

En savoir plus sur les réparations de la coiffe des rotateurs


ENTORSES ET LUXATIONS

Une entorse est une élongation ou déchirure de ligament(s), structure qui relie deux os. Lorsque la lésion ligamentaire est importante, l’articulation peut devenir instable et se luxer.

Luxation gléno-humérale
La luxation gléno-humérale correspond à la sortie de la tête de l'humérus hors de cavité de l’omoplate appelée glène. Ces luxations peuvent être associées à des fractures. C’est la raison pour laquelle aucune manœuvre héroïque de réduction (remise en place) ne doit être tentée sur la piste. Le blessé doit être transporté dans un centre médical et le diagnostic confirmé par une radiographie. Seulement après une réduction sera tentée. S’il s’agit d’un premier épisode, le bras sera immobilisé 3 semaines puis rééduqué. En cas de récidive, une stabilisation chirurgicale sera discutée.

En savoir plus sur les traitements d’entorse et de luxation d’épaule


Entorse et luxation acromio-claviculaire
Elle représente une atteinte des ligaments qui maintiennent la clavicule à l’omoplate. La clavicule étant le seul pont osseux entre le squelette axial et le membre supérieur, une luxation engendrera une «chute» du bras avec à terme une fatigabilité et des douleurs potentielles. Nous proposons donc, en fonction du type de luxation, une réparation des différents ligaments.


FRACTURES

Fracture de la clavicule
La clavicule est un os qui relie le haut du sternum à l'omoplate (acromion). La fracture de la clavicule résulte d’un traumatisme indirect, tel qu'une chute sur le moignon de l'épaule qui survient souvent dans un contexte d'accident sportif. Il est de plus en plus proposé un réalignement chirurgical et une fixation par plaque. Cette solution est élégante car elle redonne immédiatement une fonction au patient.

En savoir plus les traitements de la fracture de la clavicule

Consulter un article à ce sujet

Fracture de l’humérus
Les fractures de l’humérus peuvent être isolées ou associées à des luxations gléno-humérale. Elles sont souvent traitées par simple immobilisation durant environ 6 semaines. En cas de déplacement important, une fixation par plaque, clou ou la mise en place de prothèse est parfois requise.

En savoir plus sur les prothèses d’épaule
 

ACTUALITE

Du 19 au 22 septembre 2018, Genève accueillera le 28ème Congrès de la Société européenne de chirurgie de l'épaule et du coude (SECEC-ESSSE). Le Dr Alexandre Lädermann présidera le congrès et sera le porte-parole de la communauté orthopédique, de l'excellence médicale suisse, de la formation continue et des innovations dans ce domaine.


Le Congrès à Genève, la vidéo
 

REFERENCES

Publications médicales PD Dr Lädermann


1. Haider AH, Saleem T, Bilaniuk JW, Barraco RD, Eastern Association for the Surgery of Trauma Injury ControlViolence Prevention C. An evidence-based review: efficacy of safety helmets in the reduction of head injuries in recreational skiers and snowboarders. J Trauma Acute Care Surg 2012;73:1340-7.
2. Patrick E, Cooper JG, Daniels J. Changes in Skiing and Snowboarding Injury Epidemiology and Attitudes to Safety in Big Sky, Montana, USA: A Comparison of 2 Cross-sectional Studies in 1996 and 2013. Orthop J Sports Med 2015;3:2325967115588280.
3. Johansen MW, Steenstrup SE, Bere T, Bahr R, Nordsletten L. Injuries in World Cup telemark skiing: a 5-year cohort study. Br J Sports Med 2015;49:453-7.
4. Gaudio RM, Barbieri S, Feltracco P, et al. Impact of alcohol consumption on winter sports-related injuries. Med Sci Law 2010;50:122-5.
5. Bissell BT, Johnson RJ, Shafritz AB, Chase DC, Ettlinger CF. Epidemiology and risk factors of humerus fractures among skiers and snowboarders. Am J Sports Med 2008;36:1880-8.
6. Kocher MS, Dupre MM, Feagin JA, Jr. Shoulder injuries from alpine skiing and snowboarding. Aetiology, treatment and prevention. Sports medicine 1998;25:201-11.
7. Sulheim S, Holme I, Rodven A, Ekeland A, Bahr R. Risk factors for injuries in alpine skiing, telemark skiing and snowboarding--case-control study. Br J Sports Med 2011;45:1303-9.

  • Dr Alexandre Lädermann, Privat-Docent à la faculté de Médecine de Genève
  • Spécialiste en chirurgie orthopédique et traumatologie de l'appareil locomoteur FHMChirurgie de l’épaule et du coude au Centre de l’épaule de Hirslanden Clinique de la Colline, Genève
  • Président du congrès européen de chirurgie de l’épaule et du coude
  • Président du groupe Suisse d’experts en chirurgie de l’épaule et du coude
  • Médecin du sport SSMS